[Français]
Si depuis plus d’un siècle, la Nouvelle Orléans se distingue comme un foyer de création originale au beau milieu du sud des États-Unis, c’est qu’on y trouve tout ce qui pousse à un épanouissement artistique : une tradition musicale solide, une culture du partage et un sens de la fête ainsi qu’une force flottante, invisible mais palpable qui traverse jusqu’aux visiteurs les plus sceptiques, le spirit.
Tarriona “Tank” Ball, alchimiste du spoken word, vocaliste imposante et showgirl irrésistible à la tête de Tank and the Bangas reconnaît la présence de cette énergie spirituelle qui traverse ses textes et sa prestance. Elle l’attribue à un cercle familial très religieux, une influence qui transparaît sur scène. “Je me sens à l’église parfois. Parce que je suis transportée par le spirit, je m’en nourris. J’ai grandi en observant des gens qui avaient besoin de cet encouragement et de cette énergie pour finir leur semaine.”
Et en effet, lorsqu’elle s’est présentée sur la scène du Jazz & Heritage Festival, dernière d’une série de dates à la Nouvelle Orléans précédant une tournée nationale, Tank déployait une énergie fulgurante, une force transmetteuse d’émotion digne des prêches dominicales des églises baptistes afro-américaines. Ses orations enivrées et ses envolées soulesques tombaient dans un cadre musical en changement constant, muni d’une rythmique musclée, d’une section de cuivre aiguisée, de choristes indomptables et même de danseuses aux costumes et accessoires loufoques.
C’est quelques jours plus tôt qu’elle me recevait dans son espace de répétition, arborant un grand sourire candide et son sweatshirt à l’inscription solennelle : “books”, celui qui l’avait accompagné lors de la vidéo qui la propulsait sur les réseaux ondes internationales deux mois auparavant, lorsque sélectionnée unanimement comme vainqueur du concours Tiny Desk de la radio publique Américaine.